Le virus rose, une aliénation à prévenir

L’éducation, c’est la famille qui la donne ; l’instruction, c’est l’état qui la doit, disait déjà Victor Hugo au 19ème siècle. 
L’éducation se distingue bien de l’instruction. Car ce que l’individu reçoit au sein de la famille doit contribuer à lui dessiner un style de vie. C’est l’éducation qui en associant socialisation et savoir vivre inculque des valeurs d’éthiques et de citoyenneté à l’individu. Cependant l’instruction n’est pas forcément un modelage en terme de valeurs et de normes sociales. Mais elle lui donne une culture, un savoir faire, un métier, lui trace une carrière.

Paradoxalement la socialisation doit prendre en compte les deux sources de transmissions que sont la famille et l’école conventionnelle sans faire abstraction des autres véhicules sociaux tels les groupes d’appartenance, groupe de référence etc. Et donc la socialisation habilite l’individu à intégrer la société. Le rejet de valeurs et normes normalement admises est perçu comme déviance et il est traité selon les dispositions consensuelles qui fondent entres autres la société. Mais est-ce que toute transgression de valeurs sont déviances dans toutes les sociétés ?

Huit ans depuis qu’une nouvelle valeur intègre la vie politique et sociale haïtienne. Plus d’un l’assimile à un violent virus tellement sa propagation se fait à une vitesse sans commune mesure.  Il a déjà atteint la jeunesse dans une proportion importante. Et c’est le Phtk l’agent pathogène. Ce virus s’appelle encore cupidité ou virus rose.

Aux yeux de la société d’aujourd’hui ce n’est rien d’une déviance. Engloutie dans la misère, déshumanisée, elle semble faire fi de toute moralité qu’elle soit politique ou sociale. Néanmoins,  cela ne change en rien le fait que la jeunesse n’est pas à l’abri de cette infection virale. 

Au contraire, c’est le premier citoyen de la nation qui en est le principal promoteur. Il nous dit : « la richesse est une vertu ». ( phrase semblable à celle du célèbre trafiquant Pablo Escobar qui disait que l’argent n’a pas d’odeur). Si la richesse est une vertu, autrement dit la pauvreté est un handicap ou un défaut. Et par conséquent, suivant cette logique il faut éviter d’être pauvre, enrichissez vous, la voie importe peu, prône t-il. 

Ce faisant, le Phtk construit une nouvelle morale en_ si on peut le dire ainsi_ socialisant autrement ( avec d’autres valeurs) les plus jeunes individus. Mais c’est en fait une aliénation mentale. 

En effet, en accédant facilement à la richesse dans des conditions illégales et illicite qu’offre le Phtk, ils (des jeunes) ont remis en question toutes les valeurs qu’ils ont adoptés au cours de leurs  éducation à savoir, l’honnêteté, l’intégrité, l’humilité, le respect du bien de l’état, l’éthique, le respect de la personne humaine pour adopter d’autres liées à la nouvelle morale telles que le vol, l’imposture, l'amoralité, le banditisme, l’arrogance, l’ignorance, l’illégalité pour ne citer que celles-là. 

Convaincus qu’ils sont plus intelligents que ceux qui se mettent à l’abri de cette folie, ils deviennent par conséquent aliénés, hors de leur propre personne, méconnaissable, vivant dans une illusion; trop belle pour être vraie. Telles sont les manifestations de ce virus.

Point n’a besoin de dire qu’au cœur de ce débat se trouve l’épineuse question de l’éducation mais surtout du système de socialisation sachant que cette dernière implique manifestement les groupes de pairs. Ginette Quirion disait  que l’éducation d’un enfant, on le sait, c’est souvent un combat constant entre les valeurs de la famille et celles de l’entourage. J’ajoute pour dire quand la famille s’en est fait complice, cela s’apparente à une redéfinition du système de valeur et donc de la morale sociale. 

A ce niveau, faut-il mentionner qu’au contact des agents vecteurs du Phtk que sont ses adhérents bandits légaux vos enfants se font contaminés par le virus rose de l’enrichissement facile et illicite en rejetant les valeurs que vous les aviez inculqués. Notons que la personne infectée n’en est pas toujours consciente. 

Frères gardez bien vos bonnes valeurs! Surveillez les fréquentations de vos enfants, influencez positivement  les plus âgées pour éviter toute contamination. Attention , des agents vecteurs peuvent rôder même à l’intérieur de la famille ou de la fratrie. Confucius disait de l’éducation que nous sommes frères par la nature, mais étrangers par l’éducation .

Aucun médicament ne traite encore ce virus. Plus besoin de vous dire que s’il arrive que vos enfants se fassent infectés, vous pouvez les oublier car tôt ou tard les lois de la république séviront contre eux. De ce fait, ils sortiront de leur rêve idiot.

Après tout, richesse et  bonheur ne font pas toujours bon ménage. Le bonheur est une question d’attitude et non de richesse matérielle. A ce propos Karl Menninger nous dit que les attitudes ont plus d’importance que les faits