Et si nous frappons le fer tant qu'il est chaud

Les symboles auront beau été saccagés, la réalité ne changera que si l'histoire est réécrite au passage. 

La mort de George Floyd, un Afro-Americain succombé sous le poids des genoux assassins d’un policier Américain semble réveiller les Etats-Unis dans sa léthargie par rapport à un fait social qui n'est pourtant pas nouveau: le racisme anti-Noir. Tout de go des Yankees se sont mis du côté des opprimés méprisés depuis belle lurette sur la terre de l'oncle Sam. On aurait dit qu'ils n'en avaient jamais entendu parler auparavant. Seulement pas plus tard qu'en mars de cette même année, il n'y avait pas encore de confinement, Breonna Taylor jeune ambulancière noire de 26 ans a été abattu à son domicile par des policiers. Et alors aucun Etats-unien n’a dit mot ! Pourquoi donc ce sera autrement 2 mois plus tard ?

J’aurais aimé que quelqu’un m’explique comment des individus racistes depuis leur plus tendre enfance peuvent se convertir tout d’un coup en alliés de la population contre laquelle le racisme est exercé depuis la fondation de cette nation qui se dit à elle seule, être l'Amerique. Détrompez vous, ils ne sont pas là pour vous ! Il y a d’autres choses qui se dessinent dans la foulée des revendications anti racistes : les élections par exemple. 

On assiste non sans intérêt à un mouvement qui comme une trainée de poudre se répand à travers plusieurs pays. Naïvement plus d’un s’enorgueillit de l’ampleur de la lutte. Quelle lutte ? Une sortie spontanée avec une population frustrée par 6 semaines de confinement, qui déverse un trop-plein d’émotions sous forme d'un transfert. Ils arrachent les statues, ils brûlent et pillent. Il est vrai que les derniers criminels ont été arrêté. Mais le système de l’oppression reste tel quel. Les véhicules du racisme sont encore debout. A-t-on entendu que l’école va être réformé ? Est-ce que la police_ tout le corps de Police Américaine car cet acte n’est pas isolé et ne concerne pas qu’un seul état des USA_ va subir des réformes ? Est-ce que le KKK a été démantelé ? Est-ce que nos désormais alliés anti racistes ont fait le serment de ne plus élire un personnage qui est tout sauf anti raciste ? Rien de tout ça n’a été envisagé. Sauf des policiers à genoux, sauf des "blanmannan" qui scandent "Blacks lives matter" sous l'effet de l'émotion comme si ce n'était pas un droit inaliénable mais une faveur qu'on demande. 

Oui quelques symboles peuvent tomber. Oui de par nos émotions nous pouvons en trouver une certaine gratification. Mais tout s’arrête là. Pourtant bien plus de choses intéressantes peuvent se réaliser en ces temps de crises.

Et si nous pourrions être sérieux pour une fois ? Et si c’était le moment de tout repenser !

À mon sens chaque nation ayant vécue l'esclavage et/ou la colonisation devrait saisir le mouvement de déboulonnage de leur symbole un peu partout à travers le monde ces derniers semaines à la dimension des défis nationaux. Ann fè blag sa tounen bagay serye. Se nan griyen dan yo abiye jwif. 

Chez nous en Haïti, je ne crois pas que le racisme tel que exprimé aux USA ces dernières années ressemble  à la situation haïtienne. Aussi ne représente-il pas  un frein au progrès de la nation haïtienne. Par contre l'éducation postcoloniale en est un, ou au mieux,  le principal. Cela étant,  vaille-t-il la peine d'arracher une statue de pierre ou de bonze sur une place, ou serait-il révolutionnaire de réécrire  notre histoire, la vraie? Une histoire sans Christophe Colomb comme grand conquérant mais comme l'instigateur du plus grand génocide de l’Amérique,  sans Fic comme institution pensante de la " bonne éducation des gens de bien" mais comme fer de lance d'un néocolonialisme qui ne dit pas son nom. Une histoire avec Dessalines comme premier défenseur des droits humains et non comme vulgaire paysans à la tête d'une bande d'Esclaves rebelles.  Une histoire qui n'est pas un hasard mais le fruit d'une belle intelligence humaine. Une histoire qui a posé les jalons pour légalité parmi les hommes. Une histoire sans le Français comme langue par excellence mais comme un outil de communication qui seconde la langue mère (Créole Haïtien) dans les échanges plutôt extraterritoriales. Une qui redonne à la nation une charte mère originale dans l'esprit du père fondateur sans être une dictée d'un ancien colon. Une où la religion occidentale n’est qu'une aliénation à bannir à l’école et à extirper du domaine de l’état.

Et si nous restituons finalement notre histoire et l’enseigner à nos enfants ! Cela fera une belle différence et c’est alors que les symboles tomberont d’eux-mêmes. 

N’avez-vous pas songé que c’est peut-être le moment ou jamais de tout repenser par nous-mêmes ? Les plus grands symboles à abattre sont ceux qui nous asphyxie, ceux qui tant qu'ils sont debout nous ne parvenons jamais à exprimer notre vision de la vie. Faisons de ce timing une révolution, le moment s'y prête. Dans le chaos, il n'y a pas que les politiques qui peuvent imposer des réformes, les insoumis peuvent aussi faire bouger les lignes. Arrêtons de refaire les mêmes erreurs ! Saisissons l'occasion. 

RC